Roger Guibert, Mauricette et Pierrot Guibert...

Des aubergistes bien peu communs...

C’est en 1926 que les parents de Pierre et Roger Guibert (6 et 15 ans) achètent l’Hôtel Moderne à la veuve de Georges Simon dont le fils Daniel (qui avait alors 18 ans) est aussi bien connu des Saint-Cyriens.
Il n’y a alors à La Moderne ni électricité (c’est l’époque des lampes à acétylène et à pétrole) ni eau courante. La clientèle est avant tout locale et le bar fait office de café, tandis que le restaurant accueille les mariages, banquets, baptêmes et repas d’enterrements. Une grande salle sert aux répétitions de l’harmonie municipale, aux bals ou aux séances de cinéma. On y mange de la tête de veau, du bœuf gros sel ou encore du pot-au-feu et l’hiver le repas est précédé d’un vin chaud aromatisé de cannelle !
En 1940, tandis que les parents sont sur les routes de l’exode, Pierre est affecté dans l’infanterie. Démobilisé en août et appelé dans les chantiers de jeunesse il revient à Saint-Cyr en février 1941. Réquisitionné en 1942 pour le STO, il s’en échappera, mais ne reviendra à Saint-Cyr qu’après la libération. Son frère Roger, plus âgé a été mobilisé dès 1939. Fait prisonnier en 1940 et envoyé en Prusse orientale, il ne reviendra que le 24 juillet 1945. Son père décédera au lendemain de son retour.


Après la guerre, la vie reprend son cours et la famille se serre les coudes pour réhabiliter les lieux qui avaient été réquisitionnés par l’occupant. Mauricette, la jeune épouse de Pierre est aux fourneaux et à l’hôtellerie, Roger est le spécialiste de la pâtisserie et de la charcuterie, Pierre est en salle. Pendant 40 ans, jusqu’en 1986 (fermeture définitive de La Moderne) les deux frères et Mauricette vont tenir d’une main de maître ce haut lieu de gastronomie qui va devenir l’annexe du Tout-Paris culturel et artistique des années 50 et 60 en drainant les amis de Pierre Mac Orlan, Jean Pierre Chabrol ou Jacques Canetti résident de Saint-Cyr.
Pierre mène en parallèle une seconde vie, qui l’amène, dès 1930 à attraper le virus de la collection après que l’épouse d’un sabotier du cru (le père Gagnot) lui offrit les outils de son mari décédé… Dès lors, le jeune garçon n’aura de cesse de recueillir tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un outil jusqu’à constituer une collection unique de 3000 pièces qu’il exposera dans la salle de billard devenue pour l’occasion son « petit musée ».
Souhaitant que l’œuvre de sa vie reste à Saint-Cyr, il obtient du Conseil Général que La Moderne devienne un musée et abrite non seulement sa collection, mais aussi un espace consacré à Mac Orlan : en 1995, le musée ouvrira ses portes.
Roger l’homme aux multiples talents, discret, toujours souriant décède en 2002. Pierre, qui reçut en 2006 la distinction de Chevalier des Arts et Lettres nous quitte en 2013 à 93 ans. Mauricette, la généreuse, nous a quittés cette année en léguant tous ses biens à notre commune.
Au nom de tous les Saint-Cyriens, qu’elle en soit ici remerciée.

Portrait rédigé à partir de l’ouvrage Flâneries en Brie aux éditions TERROIRS

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